Lire, c'est la honte !

Un peu par hasard, je suis tombée sur un article qui expliquait que.... accrochez vous bien :

Lire c'est la honte ! 

N'en croyant pas mes mirettes, je me suis plongée dans la lecture de l'article en question. Il faut dire qu'il m'avait plus qu'intriguée ! 

En fait, il s'agit d'un constat fait après plusieurs études. La première, en Angleterre. Les ados de 14 à 16 ans seraient embarrassés à l'idée d'être vu (par un de leur camarade) en train de lire. Bon, pas tous. Quand même pas. Juste 17% ! Presque 1 ados sur 5 !
Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne lisent pas. Non, ils lisent en cachette. Enfin, pas tous : d'après une étude, le nombre de lecteur aurait diminué drastiquement -bon, il n'y a aucune source, ni chiffre pour cette baisse, alors je vous donne cette infos, à vous d'en faire ce que vous voulez !

En France, le bilan ne serait guère meilleur ! En effet, si 35% des enfants de 11 ans affirment lire un livre par jour par plaisir, ils ne seraient que 9% à 17 ans !

Bon, on parle donc d'une baisse de lectures de romans. Différents facteurs peuvent expliquer cette baisse : tout d'abord, les jeunes au collège découvrent les bandes de copains, copains qui habitent hors de leur quartier, village, ville, avec qui ils communiquent via les réseaux sociaux ou par téléphonie mobile. L'important c'est d'être connecté. D'être en lien quasi permanent avec les autres. Or la lecture est une activité plutôt solitaire et qui ne permet pas les échanges (sauf si on connait le principe des LC). Ensuite, la lecture devient de plus en plus un objet de travail. Elle est souvent utilisée comme base de travail dans les enseignements secondaires. La lecture devient donc synonyme de travail et n'est plus symbole de plaisir dans l'esprit des adolescents.  Ce sont donc ceux qu'on nomme les "bons élèves" qui continuent de lire envers et malgré tout. 

Autre constat : le décrochage intervient plus tôt chez les garçons que chez les filles. Bah oui, tout le monde le sait : les livres, c'est pour les filles. Les garçons de 16 ans, ils vont boire de la bière et jouer au billard pendant que les filles relisent leur classique.
C'est moche, mais malheureusement ce stéréotype fait encore parti des représentations mentales de nos contemporains. Et on se rend bien compte, à travers les résultats de ces études, qu'elles ont la dent dure ces représentations.

Peut-on en conclure qu'Internet, les réseaux sociaux... les nouvelle technologies soient à la source de cet désengagement de la lecture ?

Non, et il faut nuancer cette baisse. D'une part parce qu'elle ne tient pas compte de la lecture sur écran. Or, dans le cadre de nos activité, on lit de plus en plus sur écran. Cette étude porte sur la lecture de roman, pas la lecture tout court. Comme le dit Sylvie Octobre (une sociologue chargée d'études sur les jeunes au département des études, de la prospective et des statistiques au ministère de la Culture) on lit plus au travail que nos parents et eux-mêmes lisaient déjà plus au travail que leurs parents etc.. Phénomène tout à fait normal me direz vous, je vois mal mon arrière-grand-père tenir la charrue et lire en même temps ! Ou mon arrière-grand-mère lire au milieu de ses 13 enfants !
De plus, l'accès à la lecture était moins facile qu'aujourd'hui : pas de bibliothèque, les seules lectures étaient bien souvent la bible et le journal (si, si... j'ai des témoignages). Les bibliothèques aussi fournies que la mienne ne devaient pas être légion il y 75 ans !

D'autre part, la façon de lire a changé. On est passé d'un mode linéaire cumulatif à un mode circulaire et itératif  (ça en jette non, quand je mets ce genre de mots dans mes billets, non ?).
Bon pour que ce soit plus clair, je vais vous traduire ça en français de tous les jours. Quand je suis devant l'ordi avec ma mère et qu'on cherche une info, elle a besoin de lire la page entière pour être sûre que l'information cherchée ne s'y trouve pas. Elle lit tout du début à la fin. C'est le mode linéaire - on lit le début avant la fin- et cumulatif - on lit tout-.  

Or en ce qui me concerne, je fais des sauts de puce, lisant quelques mots dans chaque paragraphe pour voir si l'info s'y trouve. Retournant au début, sur la page précédente, j'ouvre une page que je vais voir avant de revenir à celle où j'étais avant. C'est le mode circulaire - il n'y a ni début, ni fin- et itératif -je vais voir plusieurs fois les infos-. J'exagère les traits bien sûr, mais c'est plus parlant comme ça. 

On pourrait donc croire que la lecture est réservée à une élite, mais non. La baisse de lecture (de loisirs, on s'entend) est la même que les personnes soient de hauts diplômés ou non ! Tout le monde lit moins. Moi je m'interroge quand même : ça voudrait dire que DeGaulle lisait plus que François Hollande ? on est sûr de cette info ? je voudrais bien savoir comment l'étude a été menée.... ça pourrait être marrant : genre comparaison des agendas des présidents : Y a-t-il une heure dédiée à la lecture le lundi ? le mardi ? bref, je m'égare !

On lit plus au travail que nos parents, mais moins pour nos loisirs. C'est ce qui ressort de cette étude. Mais pourquoi lit-on moins pour nos loisirs ? La réponse la plus couramment donnée, c'est parce que la lecture c'est difficile. 

La lecture c'est difficile parce qu'elle sollicite des muscles autour de notre œil. Et qu'il n'existe pas encore de machine dans les salles de muscu pour les faire travailler. Non, c'est n'importe quoi. Oubliez ça !

En fait, la lecture est difficile, mais pas parce qu'on a du mal à déchiffrer des mots, comprendre des informations ou faire des liens. Elle est difficile parce qu'on a changé de façon de lire. Comment lire un livre si on commence à la page 50, avant d'aller lire la fin de la page 152 et de continuer avec la fin de la première page ? Ce qui est donc difficile, c'est de lire de la page 1 à la page 250, avec un système narratif, des passages descriptifs... Or comme je le disais plus haut, les générations "d'avant" n'avaient pas ce problème car elles étaient habituées à lire le début avant la fin. 

Moi j'avoue qu'il m'arrive souvent de lire des passages futurs de ma lecture. Et on m'a déjà filmé en train de lire : je commence souvent à lire la fin de ma double page, avant de passer au milieu de la première page puis le milieu de la deuxième page... bref, je papillonne. Je sais que les dialogues attirent mon regard et il m'arrive de les lire bien avant de lire "le reste". Peut être est-ce une mutation de la façon de lire ? (aahh je suis une mutante !)

Mais bon, tout n'est pas perdu. Parce qu'on fait encore lire les enfants en primaire et qu'il y en a quand même qui gardent cette envie de lire. Après tout, ceux-là sont encore là, à lire cet article qui est juste interminable.

-------------------------
N'hésitez pas à réagir, j'aimerai bien connaître votre avis sur ce sujet. Est-ce que vos amis savent que vous êtes un boulimique de lecture ? Vous lisez plutôt en mode linéaire ou circulaire ? Vous pensez que bientôt plus personne ne lira ? 


-------------------------
Si vous voulez lire l'article auquel je fais référence : CLIQUEZ ICI !