°°° L'auteur °°°
Douglas Kennedy est un journaliste américain qui a décidé de rendre visite à des amis en Irlande en 1977… Il n’est plus retourné habiter en Amérique depuis. Après quelques essais laborieux en théâtre, il publie son premier roman en 1988. Suivront deux autres qui recevront un bon accueil du public, mais c’est en 1944 avec Cul-de-sac/Piège nuptial que Douglas est reconnu du grand public. Suivront L’Homme qui voulait vivre sa vie et Les désarrois de Ned Allen qui confirmeront l’engouement du public. La poursuite du Bonheur lui permet d’élargir son public et de le fidéliser avec les romans suivants.
Aujourd’hui deux de ses romans ont déjà été adaptés au cinéma, il a reçu plusieurs prix et ses romans sont traduits dans 14 langues. C’est un des auteurs les plus plébiscité des français qui partage son temps entre Londres, Paris et Berlin.
°°° L'histoire °°°
Quelques jours après Noël, Harry débarque à Paris. Il n’a même pas cinq milles dollars sur lui et c’est toute sa fortune. Sa femme et sa fille ? Il ne préfère pas y penser.
Il va se retrouver dans un quartier malfamé, à travailler comme veilleur de nuit dans une entreprise clandestine et à dormir dans une sordide chambre de bonne. Tout ce qu’il a, c’est un roman qu’il vient d’entamer et qu’il pense proposer à plusieurs maisons d’éditions. Et il a Margit. Cette Hongroise sensuelle qu’il a rencontrée un soir sur un balcon. Il va lui rendre visite tous les 3 jours sans fautes, toujours à la même heure, toujours chez elle, dans son appartement du V°…
Harry aurait pu continuer dans sa routine pendant des mois… mais d’étranges coïncidences commencent à se faire jour autour de lui.
°°° Un extrait, une mise en bouche °°°
En approchant des policiers, j’ai senti leur regard scrutateur se poser surmoi mais je me suis efforcé de ne pas les regarder, éprouvant l’inquiétude insidieuse qui se glisse en moi chaque fois que je croise un représentant de l’ordre ou que je passe la douane, comme si j’avais quelque chose à cacher. A tout instant, j’attendais les mots fatidiques : « Vos papiers, monsieur », mais ils m’ont laissé passer sans rien dire. J’ai remonté l’escalier. En haut, je me suis arrêté, espérant qu’Adnan allait bientôt me rejoindre. Cinq minutes se sont écoulées, puis dix. J’ai décidé de descendre – je pourrai toujours jouer le touriste américain égaré, si les flics s’étonnait de me revoir. Mais le couloir était absolument vide.
Le constat m’est tombé dessus comme un coup de massue : « Ils l’ont coincé… et c’est à cause de toi. ». La pensée suivant fut tout aussi déprimante : « Qu’est-ce que je fais, maintenant ? »
« Allez rue de Paradis. »
Le paradis.
Pour y arriver, il fallait d’abord traverser l’Afrique.
Et parce que j’aime bien ce passage, je vous le mets aussi :
- Mais vous n’allez quand même pas abandonner l’écriture de manière définitive ?
- Non. Je travaille à autre chose.
- Un autre roman ?
- Non. Ce ne sera pas une œuvre de fiction… même si tout le monde va penser le contraire.
Il a réfléchi un instant.
- Et votre « amie » ? La femme du Ve ? Vous la fréquentez toujours ?
- Tous les trois jours, sans faute.
Il a levé les sourcils, secoué la tête. Prenant une nouvelle cigarette, il l’a allumée et a tiré dessus pendant une bonne minute tout en me considérant d’un œil froidement professionnel. Finalement, d’un ton presque perplexe :
- Elle vous hante…
Je plaide coupable.
°°° Mon opinion °°°
J’ai déjà lu plusieurs romans de Douglas Kennedy et j’ai été à chaque fois emportée par l’histoire. Même s’il a changé de registre avec La Poursuite du Bonheur, passant du pur thriller à une histoire plus romantique, j’avais adoré tous ses romans.
Mais celui-ci… il est différent. Ni meilleur, ni moins bon, mais différent. C’est du Douglas Kennedy tout en n’étant pas du Douglas Kennedy. Et j’ai tout autant. Je sais, ça parait un peu bizarre ce que je dis, néanmoins ce n’est pas faux.
Ce que j’aime particulièrement dans les romans, c’est l’action. Je me lasse très vite des descriptions (que ce soit des personnages ou des paysages). Et ici, il y a juste le bon dosage entre description et action. On n’est pas projeté à un rythme effréné, non je dirai même que l’histoire est assez lente. On sent bien les mois qui passent, dans une routine non bousculée. Et surtout, on se rend compte que le personnage principal a besoin de cette routine (mais on y reviendra). En plus, il n’y a pas vraiment de suspens à proprement parler, un crime ou une affaire qui nous demande de faire attention aux moindres détails pour démasquer le coupable avant le personnage principal. Non… Normalement c’est un bouquin que je devrais laisser tomber : pas vraiment d’intrigue à suspens, de l’action à un rythme très lent et des descriptions assez régulièrement. Et pourtant, je l’ai terminé le jour où je l’ai commencé. Enfin, je devrais même dire que je l’ai commencé en début d’après-midi et qu’avant le repas du soir j’avais lu la dernière ligne.
Je l’ai continué parce que les personnages sont très intéressants et la situation dans laquelle est mise Harry est assez particulière.
En fait, il y a une première partie où on fait connaissance avec Harry. On l’accompagne dans ses déboires : la grippe, le réceptionniste de l’hôtel désagréable et peu scrupuleux, le fait qu’il se retrouve seul dans un quartier malfamé, la chambre de bonne qu’il loue à un prix exorbitant… Et la plaie qu’il entretient, cette rupture avec sa femme et sa fille, et l’affaire qui l’a poussé à venir en France. Harry nous intrigue. Lui qui a tout perdu, qui a fui son propre pays pour une capitale étrangère dans laquelle il se fait arnaquer, trouve encore le courage de se lever le matin. Et d’endurer tout ça. Juste parce qu’il n’a pas le choix.
C’est une première partie qui est assez sordide, mais qui nous permet d’entrer dans l’histoire et de poser les bases.
Ensuite il y a une deuxième partie. Celle où il rencontre Margit. Une hongroise d’une cinquantaine d’année. Une femme mûre, sensuelle, qui semble lire en lui comme dans un livre ouvert et qui n’est pas dégoûtée par ce qu’elle découvre. Avec elle, Harry va redécouvrir le plaisir d’être deux. Et il va accepter les conditions de cette femme sans trop sourciller. Il va apprendre à la connaître, et la laisser en savoir plus sur lui. Il ira même jusqu’à se demander si l’amour n’a pas frappé à sa porte.
Et c’est là qu’arrive la troisième partie, celle qui m’a le plus accrochée. Celle que j’attendais depuis le début. Celle dans laquelle Harry se rend compte qu’il y a des coïncidences troublantes autour de lui. Tout d’abord un accident de la route, puis un assassinat, un deuxième, des preuves qui apparaissent sans raisons… Et surtout, surtout un suicide, en Hongrie en 1980. Un suicide qui va obliger Harry à ouvrir les yeux et à poser des questions.
Harry n’est pas un de mes personnages fétiches, même si on peut voir qu’il évolue. Ce séjour, dans lequel il est limite transformé en une machine qui accomplit les mêmes tâches jour après jour, lui permet de se réaliser. Il se transforme d’homme plutôt soumis et faisant ce qu’on attend de lui au détriment de son propre bonheur en un homme ayant confiance en lui, sachant ce qu’il veut et étant prêt à se battre pour ce qu’il veut. - Même si, à la fin, il n’a pas le choix et est plus ou moins obligé de faire quelque chose qu’il ne voudrait pas. -
Margit est un femme plutôt mystérieuse. Visiblement, elle vit seule ; mais elle ne peut recevoir Harry que tous les trois jours de 17h à 19h… Elle ne donne aucune explication. Ce sont ses règles, soit on fait avec, soit on ne fait pas. Et c’est aussi ça que j’ai aimé en Margit. C’est une femme d’une cinquantaine d’année, qui a déjà pas mal vécu. Elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. La vie ne l’a pas épargnée et elle est bien plus ouverte d’esprit qu’Harry. Lui qui est enfermé dans les traditions, les convenances… Margit est une sorte de bouffée d’air frais. De plus, elle est assez psychologue. Je l’ai bien appréciée dès le départ.
La fin d’un roman est très importante. C’est souvent sur la fin que se joue notre impression. Autant le début d’un roman nous donne ou pas envie de continuer notre lecture, autant la fin nous donne une bonne ou une mauvaise impression. Il arrive qu’on soit déçu de la fin d’un roman. Ici, je ne suis pas déçue ni satisfaite de la fin. Mais plutôt déstabilisée. Oui, déstabilisée… parce que, quoi qu’on en dise, on s’attend toujours plus ou moins à une happy end. Ou alors à tout le contraire de la happy end. Et là, c’est ni l’un, ni l’autre. Si on considère le point de vue de Margit, on a tout de la happy end ; par contre, pour Harry ce n’est pas tout à fait le cas…
Et très franchement, je ne voudrais pas être à la place d’Harry…
Finalement ce roman c’est : deux personnages très bien construits et attachants du fait de leur réalisme, une intrigue qui se met en place tout doucement, un rythme assez lent, sauf dans la 3° partie où tout s’accélère. Quant à la fin, elle est déstabilisante. C’est bien pour ça, que ce roman est différent des précédents écrits par l’auteur.
°°° Informations sur le livre °°°
Editeur : Belfond
Nombre de pages : 378Date de sortie : 2007
Prix : 22,00 €
°°° Challenge °°°
Ce livre fait parti du challenge En Famille organisé par Yukarie, je suis maintenant à 4/9 !
"Le défi de Mia", je suis à 4/12 de mes lectures d'octobre !
Super avis. J'adore la manière dont tu l'as redigé. Cela me donne encore plus envie de le lire^^ Biz
RépondreSupprimer